IIIe États Généraux de l’Antiquité

Compte rendu de la IIIe édition des États Généraux de l’Antiquité

Tous les chemins mènent à l’Antiquité

Lyon, 12 et 13 mai 2023

 

 

 

Vendredi 12 mai

Grand Amphithéâtre de l’université Lyon II-Lumière

Introduction de la journée

 

Les secrétaires des États Généraux de l’Antiquité (EGA) accueillent les participants et proposent une ouverture institutionnelle à cette première journée devant un public nourri. Virginie Hollard, en leur nom, prend la parole pour introduire ces EGA : elle souligne la diversité des acteurs qui ont participé à son organisation et présente le thème retenu pour cette troisième édition, « Tous les chemins mènent à l’Antiquité » ; puis elle cède la parole à Pierre-Alain Caltot, secrétaire d’Antiquité-Avenir, qui rappelle l’engagement du réseau Antiquité-Avenir dans la mise en place et l’organisation des deux dernières éditions des EGA, puisque le réseau a pris naissance lors de la première édition.

Puis intervient Nathalie Dompnier, présidente de l’université Lyon II-Lumière pour souligner l’engagement de l’université aux côtés des formations en sciences de l’Antiquité, dont elle met en valeur le caractère vivant. Emmanuelle Boulineau, représentant la présidence de l’École Normale Supérieure de Lyon, souligne à son tour la vitalité et l’importance des Sciences de l’Antiquité dans le monde universitaire lyonnais, le soutien de l’ENS dans toutes les formations qui relèvent de ce champ d’études, en particulier en Master. Enfin, Sabine Fourrier, directrice de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, réaffirme que Lyon est un centre vivant pour les mondes anciens où convergent toutes les Antiquités, selon le souhait de Jean Pouilloux, fondateur de la MOM : le rassemblement des quatre laboratoires de recherches qui y sont fédérés en témoigne en vue de « s’occuper du passé et être à la pointe de l’avenir ».

 

Première table-ronde

Se met en place une première table-ronde « L’Antiquité : des chemins et des métiers », animée par des étudiants du Master Mondes Anciens, Luc Serrat et Jules De Ieso, sous la coordination de Richard Bouchon, professeur à l’université Lyon II-Lumière. Participent à cette table-ronde Laurence Boulègue (APLAES), Florence Garambois-Vasquez (représentant la CNARELA, ARELAL Lyon), Virgnie Hollard (APHG) et Manuel Royo (SoPHAU). Les échanges, au cours de cette première table-ronde, portent sur la réalité et les enjeux des métiers liés à l’Antiquité. Plusieurs questions sont abordées : la situation des métiers de l’enseignement, de l’enseignement et de la recherche et du maillage territorial. L’importance des sociétés professionnelles qui permettent de regrouper les enseignants et des sociétés savantes est soulignée dans cette perspective. Le veille sur les programmes de l’enseignements secondaire est notamment mentionnée, comme lieu d’un savoir fondamental partagé par toutes les générations.

L’importance du numérique et des humanités numériques est présentée comme un trait saillant du renouveau vécu par les sciences de l’Antiquité depuis quelques années. Des enjeux décisifs sont discutés dans cette perspective : la volonté de renforcer le numérique dans les études sur l’Antiquité, le choix de la science ouverte, les possibilités de diffusion et de valorisation des savoirs sur l’Antiquité par ces différents canaux.

La table ronde s’achève par le retour d’expérience d’un groupe d’étudiants de L3 Lettres Classiques engagés pour leur projet tutoré dans le groupe ITHAC (« L’invention du théâtre antique dans le corpus des paratextes savants du XVIe siècle. Analyse, traduction, édition numérique »).

 

Deuxième table-ronde

Une seconde table-ronde se met en place, intitulée « Aux marges de l’Antiquité classique » et animée par Laurent Thirouin (université Lyon II-Lumière). Elle se structure en deux temps. Tout d’abord, il est question des disciplines rares en France. Ce premier aspect est abordé par Caroline Censier-Calmus, qui travaille autour du projet « Disciplines rares » au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, et par deux représentants des disciplines rares, la hittitologue Alice Mouton (CNRS) et l’archéogéographe Gérard Chouquer (CNRS). Les échanges portent sur la qualification de discipline rare et sur la reconnaissance de cette entité en France, depuis une enquête nationale lancée en 2021, conformément à une typologie qui existe déjà depuis longtemps en Allemagne. La question est alors engagée de savoir si les études en latin et en grec ancien peuvent rejoindre cette catégorie de disciplines.

La deuxième partie de la table-ronde est consacrée à des sous-ensembles des sciences de l’Antiquité qui sont parois considérées comme marginales ou « rares » par rapport à l’Antiquité classique : l’étruscologie, présentée par Gilles Van Heems (université Lyon II-Lumière), la patristique représentée par Guillaume Bady (CNRS) et le néo-latin, représenté par Théo Gibert (doctorant à l’université Lyon II-Lumière).

 

 

École Normale Supérieure de Lyon

Troisième table-ronde

Une table-ronde s’ouvre dans l’après-midi sur le thème « BD, mangas et littérature de jeunesse à thématique antique », organisée par Robert Delort. Elle est composée de Julie Gallego, maître de conférences à l’université de Pau et des Pays de l’Adour, qui travaille sur la BD à sujet antique, Olivier Jouvray, auteur et professeur de BD, Nicolas de Lavergne, libraire, Richard Normandon, auteur de romans de jeunesse à sujet antique, Blaise Pichon, maître de conférences à l’université de Clermont-Auvergne et scénariste de la BD Pax romana, et Anne Vial-Logeay, maître de conférences à l’université de Rouen qui travaille sur les mangas à sujet antique. En introduction, Robert Delort présente les enjeux du prix Littérature jeunesse sur l’Antiquité décerné dans le cadre de Arrête ton char et revient sur le succès, non démenti depuis plusieurs années, de cette littérature.

Au cours des échanges, plusieurs questions sont soumises aux intervenants : 1) la BD est-elle compatible avec l’apprentissage ? 2) Le roman de jeunesse peut-il être formateur pour le lecteur ? 3) Quel lectorat pour les mangas à sujet antique ? 4) Comment expliquer le succès des thématiques mythologiques par rapport aux thématiques historiques ? 5) Comment un scientifique peut-il apporter son expertise avec un auteur de BD ? 6) Est-il plus difficile d’approcher la réalité historique dans une BD que dans un texte sans image ?

Les échanges entre les intervenants permettent d’envisager le rôle des traducteurs, des auteurs et illustrateurs mais aussi des diffuseurs dans la publicité de tels ouvrages. Le regard de Nicolas de Lavergne, libraire de la librairie De Natura rerum, spécialisée dans les ouvrages sur l’Antiquité, est particulièrement précieux pour définir une sociologie des lecteurs de BD et de mangas à sujet antique. Les sources d’inspiration visuelle des auteurs et illustrateurs sont définies, entre péplum, cinéma hollywoodien, imaginaire antique.

 

Quatrième table-ronde

Une dernière table-ronde se met en place autour du thème « Comment diffuser les connaissances sur l’Antiquité et la pratique des langues anciennes ? ». Animée par plusieurs étudiants du Master Mondes Anciens, elle rassemble Fabien Bièvre-Perrin, maître de conférences à l’université de Lorraine et créateur du blog Antiquipop, Bastien Rueff, représentant de l’association Past and Curious, et Fabrice Butlen, professeur de classes préparatoires et animateur du cercle de conversation latine au sein de la section lyonnaise de l’Association Guillaume Budé.

Les axes abordés au cours de la table-ronde se déclinent selon trois perspectives principales 1) Pourquoi avoir choisi l’Antiquité comme terrain d’exploration ? 2) Faut-il renouveler les supports traditionnels pour un discours sur l’Antiquité auprès du public ? 3) Quelles sont les perspectives de développement dans chacune des directions suivies par les trois intervenants ?

Au cours des échanges, est notamment mise en avant l’importance accordée à une éducation des références visuelles à l’Antiquité qui innervent le répertoire figuratif d’époque en époque jusqu’à l’époque contemporaine. L’importance accordée à la langue et aux moyens pour diffuser un usage et une pratique vivante des langues grecque et latine est soulignée : cela fait écho aux nouvelles pratiques d’enseignement du latin et du grec parlés et à l’essor des cercles de conversation en langues anciennes qui connaissent un certain succès.

Enfin, les conclusions de la table-ronde aboutissent au constat que, quelles que soient les difficultés rencontrées par les langues anciennes, l’intérêt qui leur est porté reste entier pour une double raison, la perspective d’un décentrement pour le caractère dépaysant et fascinant de l’Antiquité et le mouvement d’un recentrement par le fait que la richesse recelée par l’Antiquité est nôtre et parvient toujours à nous parler.

 

Projection de clôture

En conclusion de la journée, est projeté le documentaire Les Etrusques, une civilisation mystérieuse de Méditerranée, coproduction Arte France, INRAP, Galaxie Presse, diffusé sur Arte en juin 2022. S’ensuit une discussion entre la salle et Alexis de Fatviski, réalisateur du film, Giulia de Palma, directrice adjointe en charge de la recherche et de la valorisation scientifique de l’INRAP, et Gilles Van Heems, étruscologue de l’université Lyon II-Lumières.

 

 

Samedi 13 mai

Musée Lugdunum

Conférence inaugurale

En lien avec l’exposition au musée de Lugdunum, intitulée « Spectaculaire ! Le divertissement chez les Romains », Catherine Broc-Schmezer, professeur à l’université Lyon III, prononce une conférence intitulée « Spectacles et célébrations chez les Pères de l’Eglise », qui envisage notamment le rapport problématique de Jean Chrysostome à la pratique des spectacles dans l’Antiquité tardive. Elle évoque en particulier la condamnation des spectacles formulée par Jean Chrysostome, la célébration religieuse chrétienne comme « meilleur spectacle » et la perception des réalités chrétiennes comme permettant un plaisir et une élévation supérieurs par rapport aux spectacles : l’eucharistie donne ainsi accès à un spectacle angélique auquel sont invités les spectateurs.

 

Visite du Musée Lugdunum

Après un échange avec la salle, le public est invité à découvrir les collections permanentes du Musée de Lugdunum et à visiter l’exposition temporaire « Spectaculaire ! Le divertissement chez les Romains ».

 

Circuits de visite dans Lugdunum antique

L’après-midi est consacré à plusieurs parcours de visite proposés au public : les visites, préparées par les étudiants de Master en archéologie et coordonnées par Patrice Faure (université Lyon III) et Aldo Borlenghi (université Lyon II), proposent au public les découvertes thématiques suivantes :

  • Loisirs et spectacles : odéon, boutique et rue des Farges
  • L’eau à Lugdunum : réservoirs, piles d’aqueducs et fontaine de la rue du Trion
  • Le monde des morts : mausolée de Trion, ancienne église Saint-Just, église et crypte Saint-Irénée.

En parallèle, il est proposé au public de visiter les collections du Musée des Moulages de Lyon.