Madame, Monsieur le/la candidat.e. à l’élection présidentielle,
Les soussignés, présidents d’associations professionnelles d’historiens, agissent avec leurs pairs pour la défense et le rayonnement de la discipline historique, dont il n’est pas nécessaire de rappeler le rôle fondamental qu’elle joue dans la formation du citoyen. C’est pourquoi, à l’approche d’une échéance essentielle dans la vie démocratique de notre pays, ils vous interpellent afin de connaître votre position sur les points suivants :
– L’histoire est mobilisée, et parfois instrumentalisée, par et dans le discours politique. Si cette discipline n’appartient à personne, elle est toutefois au cœur de la construction de récits nationaux fortement divergents suivant les sensibilités politiques. Quelle doit-être, selon vous, la relation unissant un homme/une femme politique et plus encore un chef d’État avec la production et la diffusion d’un discours scientifique sur l’histoire ?
– Les récents classements internationaux des universités révèlent que la chute des établissements français résulte largement d’un taux d’encadrement des étudiants très inférieur aux moyennes internationales (source : Le Monde, 2016). Quel est votre plan pour résorber cette pénurie objective de postes dans le supérieur, qui affecte la position de la recherche et de l’enseignement supérieur français et, par voie de conséquence, son attractivité ?
– Nous sommes des enseignants-chercheurs et à ce titre des formateurs. C’est pourquoi nous nous inquiétons vivement du devenir de nos étudiants, en particulier de nos docteurs, dont un trop grand nombre est en situation de précarité. Face à la pénurie criante de débouchés, notamment à l’université et au CNRS, quelles mesures entendez-vous mettre en œuvre pour améliorer la situation et surtout la résorber, en donnant à ces jeunes de meilleures perspectives de carrière en France ?
– Les concours du CAPES et de l’agrégation constituent actuellement la principale voie de recrutement des enseignants du secondaire. Comment voyez-vous l’avenir de ces concours ?
– Un certain nombre de ces docteurs, mais aussi des doctorants, réussissent les concours d’enseignement et travaillent dans des établissements secondaires, collèges ou lycées. Que proposez-vous afin que leur position de chercheur soit prise en compte par les chefs d’établissement, leur permettant ainsi de concilier leur engagement professionnel et la poursuite de leur activité de recherche ?
– Les bibliothèques universitaires constituent l’un des outils privilégiés par les étudiants durant la totalité de leurs études. Or, à bien des égards, nombre de ces bibliothèques sont dans une situation financière déplorable, tant en moyens humains (manque de personnel, réduction des horaires d’ouverture) qu’en moyens financiers (réduction de l’achat d’ouvrages ou des abonnements à des bouquets numériques). Quelles solutions envisagez-vous afin de remédier à cette carence très dommageable pour la formation de nos étudiants ?
Madame, Monsieur, le/la candidat.e à l’élection présidentielle, nous vous remercions par avance de l’intérêt que vous voudrez bien porter à ces quelques questions. Nous porterons vos réponses à la connaissance des membres de nos associations, attachées au développement et au rayonnement de la formation universitaire de haut niveau dont notre pays a besoin dans un environnement international de plus en plus concurrentiel.
Veuillez recevoir, Madame, Monsieur, l’expression de notre haute considération.
Catherine Grandjean, Présidente de la SoPHAU : Société des Professeurs d’Histoire Ancienne de l’Université
Dominique Valérian, Président de la SHMESP : Société des Historiens Médiévistes de l’Enseignement Supérieur Public
Lucien Bély, Président de l’AHMUF : Association des Historiens Modernistes des Universités Françaises
Jean-Claude Caron, président de l’AHCESR : Association des Historiens Contemporanéistes de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Cette lettre ouverte a été publiée sur le site Internet de la SoPHAU à l’adresse suivante :
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