Archives de catégorie : Parutions

CR_Pierre BOURETZ_ La raison ou les dieux

Pierre BOURETZ, La raison ou les dieux, Paris, Gallimard

(collection « NRF Essais »), 2021, 608 pages.

La raison ou les dieux s’ancre dans l’Antiquité tardive                                    « néoplatonicienne », souvent décrite à grands traits comme celle d’un retour à Platon, d’une « divinisation » de celui-ci et d’un tournant « théologique » du rationalisme grec. Est-ce à dire que ce moment fut celui d’un choix entre la raison et les dieux ?
Pierre Bouretz construit une vaste enquête au travers de laquelle on découvre Plotin combattant les gnostiques, Porphyre ferraillant contre les chrétiens, les derniers philosophes platoniciens en quête de vestiges des dieux anciens. Il remonte à l’origine de leur admiration pour les « sagesses barbares », décrit l’entrée dans l’imaginaire des Grecs de Mages disciples de Zoroastre, de théurges chaldéens et d’Hermès Trismégiste, interroge leurs visions concurrentes de la « voie qui mène au bonheur ». Il montre enfin qu’après une éclipse d’un millénaire environ, cette histoire se rejouerait dans des conditions nouvelles à la Renaissance.

Voici le compte rendu de Gianluca PISCINI:

CR_Piscini recension Bouretz 2_juillet 2021

 

CR_Nicole Loraux_La Grèce hors d’elle et autres textes

Nicole Loraux, La Grèce hors d’elle et autres textes, Paris, Klincksieck, 2021.

Cet ouvrage rassemble, selon un ordre strictement chronologique, cinquante-six articles écrits par Nicole Loraux entre 1973 et 2003. Il donne à lire le déploiement discontinu, expérimental, de réflexions lisibles sur le même plan que celui des livres publiés, et l’effet d’après-coup de ces derniers, leur reprise sur d’autres plans — toutes ces lignes dessinant ensemble la vaste cartographie d’une œuvre très singulière.
L’article « La Grèce hors d’elle et autres textes », qui donne son titre à ce recueil, rappelle la méthode par laquelle Nicole Loraux n’a pas cessé, selon ses propres mots, de « trouver dans la Grèce (et en abondance) de quoi la faire sortir d’elle-même » en multipliant les stratégies comparatistes, les va-et-vient entre les champs disciplinaires les plus divers (philosophie, psychanalyse, ethnologie, philologie).

Voici le compte rendu de Béatrice Hautefeuille:

CR_B. Hautefeuille_N. Loraux_La Grèce hors d’elle et autres textes_juin 2021

CR_M. Sartre_Le Bateau de Palmyre

Maurice Sartre, Le Bateau de Palmyre. Quand les mondes anciens se rencontraient. VIe siècle av. J.-C./VIe siècle ap. J.-C.,  Paris, Éditions Tallandier, 2021.

Dans l’introduction de son ouvrage, Maurice Sartre signale que, si le monde antique est plus resserré que celui qui nous est contemporain, on peut cependant questionner une forme de globalisation ou de mondialisation à l’échelle des territoires connus, qui ne serait toutefois en rien comparable à celle que nous connaissons actuellement. L’objectif de son ouvrage est de saisir le degré de connaissances que les peuples méditerranéens ont les uns des autres, dans la mesure où ils se connaissent et partagent le même cadre de vie. L’organisation générale de son ouvrage, selon un plan géographique, lui permet de faire le point sur les différentes aires et d’envisager l’interconnexion des civilisations.

Voici le compte rendu d’Adrien Bresson :

CR_Bateau Palmyre_Adrien Bresson

CR_Bernadette Cabouret, La société de l’Empire romain d’Orient. IV-VIe siècle

Bernadette Cabouret, La société de l’Empire romain d’Orient. IV-VIe siècle, Rennes, Presses universitaires, 2020, 415 p. + XVI pl.

Le présent ouvrage marque une étape importante pour qui s’intéresse à l’Antiquité tardive. Ce champ d’études est désormais pris en considération pour lui-même et non pas seulement comme un moment de transition entre l’Antiquité et le Moyen-Âge. La synthèse que propose Bernadette Cabouret confirme et renforce cette évolution générale. L’Empire romain d’Orient est pour la première fois approché spécifiquement par le biais de la question sociétale. Cette perspective permet d’enrichir considérablement la compréhension que l’on peut se faire de la période. Pour reprendre une métaphore employée dans l’introduction, il s’agit d’habiller de chair l’ossature parfois bien sèche de la donnée historique en tant que telle.

Voici le compte rendu de Delphine Lauritzen:

AA Lauritzen CR Cabouret 2020, La société de l’Empire romain d’Orient_05.04.2021

Exposition virtuelle_Josef Koudelka. Ruines_BnF-François-Mitterrand

Exposition virtuelle Josef Koudelka. Ruines, BnF-François-Mitterrand* : Josef Koudelka, Ruines, Paris, Éditions Xavier Barral/Bibliothèque nationale de France, 2020, 368 p., 170 photographies.

(visite virtuelle de l’exposition – expositions.bnf.fr/koudelka/)

Après la série de rétrospectives consacrées depuis 2002 par la BnF aux grandes signatures noir et blanc photographique, l’exposition Josef Koudelka. Ruines était présentée à la BnF-François Mitterrand, du 16 septembre au 16 décembre 2020 : l’état sanitaire de notre pays ayant conduit à la fermeture des lieux culturels fin octobre, nous n’avons pu aller la voir in situ. Mais la BnF propose sur son site internet de nombreux documents : un dossier de presse très fourni, un diaporama élaboré par le photographe lui-même en rapport avec la « Rencontre autour de l’œuvre de Josef Koudelka », un extrait du film Obéir au soleil de Coşkun Aşar et une visite virtuelle de l’exposition en reproduction numérique.

Voici le compte rendu de cette exposition rédigé par Emilia Ndiaye :

CR_Exposition virtuelle_Koudelka Ruines ENdiaye_1

Recension_D. Cuny, S. Ferrara, B. Pouderon (éd.), Les femmes illustres de l’Antiquité grecque au miroir des Modernes (XIVème- XVIème siècle)

Diane Cuny, Sabrina Ferrara, Bernard Pouderon (éd.), Les femmes illustres de l’Antiquité grecque au miroir des Modernes (XIVème- XVIème siècle), avec un Hommage à Christophe Plantin, collection Christophe Plantin, Beauchesne Éditeur, 2020, 477 p.

Ce volume conséquent et érudit (chaque contributeur présente une riche bibliographie) réunit les actes du LXIe colloque d’Études Humanistes organisé à Tours en juillet 2018 par le CESR (Centre d’Études Supérieures de la Renaissance). Ce colloque était un hommage à Christophe Plantin, le « prince des imprimeurs » du XVIe siècle, né justement à Tours vers 1520 – dont le groupe de recherche et la collection portent le nom –, et à son insatiable curiosité pour les auteurs antiques qu’il a contribué à faire redécouvrir. Son sujet, les femmes grecques illustres célébrées par les érudits de la Renaissance, témoigne de l’intérêt du CESR pour la redécouverte du grec à cette époque : alors que le latin était resté vivace en Occident, le grec avait quasiment disparu et la redécouverte d’Homère et autres auteurs grecs par des humanistes comme Pétrarque et Boccace, Thomas More, Guillaume Budé ou Érasme a changé leur regard sur l’Antiquité.

Voici le compte rendu de Sonia Richasse :

Recension_Sonia Richasse_Les femmes illustres

Recension_Michel BLAY_La déchirure du penser

Michel BLAY, La déchirure du penser. Essai sur l’effacement du logos, Coll. Encre marine, Les Belles Lettres, Paris, 2020, 92 pages.

À travers cet essai, l’historien et philosophe des sciences propose un cheminement très personnel qui conduit le lecteur de la pensée héraclitéenne aux orientations les plus contemporaines de la science, ces dernières n’étant d’ailleurs pas l’horizon vers lequel Michel Blay invite à tourner le regard. Le projet d’un tel parcours sur quelques 80 pages seulement peut de prime abord paraître incongru ou voué à l’échec. Mais l’ouvrage ne se veut nullement somme érudite, bien que l’érudition de son auteur affleure à chaque page, ni démonstration académique. Il faut également comprendre que cet essai, modeste par son volume, s’inscrit dans la continuité de travaux plus étendus, dont il reprend les motifs. Je pense notamment à ces deux livres importants : Dieu, la nature et l’homme. L’originalité de l’Occident, Armand Colin, Paris, 2013 ; La Chair vive et la beauté de l’exister. Quatre chapitres sur l’infini dans le fini, Jean Maisonneuve, Paris, 2015.

Voici la recension de Frédéric Le Blay :

CR Michel BLAY_La déchirure du penser_18.01.21

C. Suzzoni_Hommage à Marc Fumaroli

Marc Fumaroli : la littérature ou « Le bonheur d’admirer »

Marc Fumaroli, qui nous a quittés en juin dernier, était membre du Comité d’honneur du Réseau Antiquité-Avenir. Il avait salué la fondation de notre Réseau avec l’empressement et la générosité qui lui étaient habituels dès qu’il s’agissait de défendre la promotion des Humanités. Nous reproduisons, avec l’aimable autorisation de la revue Esprit, l’article de Cécilia Suzzoni, paru dans le numéro de décembre 2020 :

C. SUZZONI_Hommage à Marc Fumaroli

Recension_Guillaume DIANA_Les Voyages d’Hadrien. Sur les traces d’un empereur nomade

Dimitri Tilloi-d’Ambrosi, Les Voyages d’Hadrien. Sur les traces d’un empereur nomade, Paris, Arkhê, collection « Homo historicus », 2020, 204 p.

Dimitri Tilloi-d’Ambrosi, agrégé et docteur en histoire, prend pour objet de son étude les années de règne de l’empereur Hadrien, abordées à travers le prisme de ses voyages, voyages terrestres et maritimes : l’empereur mène une vie principalement hors de Rome. Dans la recherche d’une « tellus stabilita », Hadrien traverse la plupart des régions de l’Empire pour assurer la stabilité de ce territoire multiculturel et mouvant. Cet empereur, souvent vu comme bon dans l’histoire de Rome, est présenté dans cet ouvrage à travers certaines valeurs cardinales du « bon empereur », mais au fil des pages apparaît aussi sa part d’ombre.

Voici la recension de Guillaume Diana (APGLAV-CNARELA ) :

Recension AA_Tilloi d’Ambrosi_Les Voyages d’Hadrien

Recension_Jérôme LAGOUANÈRE (dir.), La Naissance d’autrui, de l’Antiquité à la Renaissance

Jérôme LAGOUANÈRE (dir.), La Naissance d’autrui, de l’Antiquité à la Renaissance, Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres » n° 415, 2019, 510 p.

Autrui est un concept dont l’émergence est traditionnellement rattachée à Kant, à Hegel et à la phénoménologie. Le présent volume montre au contraire, en croisant les approches de la philosophie, de l’histoire et de la littérature, comment l’Antiquité païenne et chrétienne avait déjà pensé ce rapport à l’altérité et étudie quel a été l’héritage de cette double tradition philosophique et chrétienne au Moyen Âge et à la Renaissance.

Voici la recension de Franck Colotte :

Recension_J. Lagouanère_La Naissance d’autrui, de l’Antiquité à la Renaissance_FC_VD